Tarn

Avec les dernières pluies tombées sur la région, les cèpes sont la belle surprise de ce début août !

Traditionnellement, la cueillette de ce produit saisonnier (délicieux grillé avec un filet de vinaigre ou d'huile d'olive, ou encore en omelette) démarre début septembre et dure jusqu'aux premières gelées. Mais cette année, comme en 2003, les cèpes ont près d'un mois d'avance sur le calendrier dans le Sud-Ouest.

L'explication ? Les caprices de la météo ! En effet, les dernières pluies orageuses parfois accompagnées de chutes de grêle, qui ont tant désolé les juillettistes, ont été suivies d'un petit coup de chaud tout début août. Or, selon certains spécialistes, "là où la grêle est tombée, il y a des cèpes". En effet, pour que le roi des champignons pousse, il faut la conjonction de trois conditions : la lumière, l'hygrométrie et la température du sol, providentiellement rafraîchi par ces grêlons inopinés. Pluie, grêle, chaleur, voilà donc la séquence miraculeuse : des cèpes d'une qualité exceptionnelle pour la saison ont poussé en masse sur les talus en bordure de bois, dans certains secteurs très localisés, là où s'est produit le choc thermique bénéfique. Pour le plus grand plaisir des amateurs de têtes noires.

Pour preuve, un habitant de Carmaux s'est emparé mercredi 3 août au matin d'un véritable monstre des bois dans la forêt départementale de la Grésigne. Le jeune homme, amateur de champignons depuis son plus jeune âge, nous présente ce beau spécimen d'1kg 100g orné d'un chapeau d'une taille de 40cm.

Photo Guillaume Courveille

« Depuis une semaine, je vais dans les bois ramasser les champignons avec le grand-père de ma compagne. C'est le plus gros cèpe que j'ai pu trouver jusqu'à maintenant » expliquait-il.

En une matinée, le Carmausin a ramassé pas moins de 23kg « d'or brun ». Un chiffre habituel pour lui ces derniers jours. Son compteur est même monté à plus de 70kg en l'espace d'une semaine !

Le 7 août, c'est du côté de Mazamet, dans le secteur des Montagnès, qu'un cèpe de 1,162 kg a été ramassé. Mais les cèpes ne sont pas les seuls champignons à profiter des caprices de la météo. On trouve également quantité de girolles, pieds de mouton, oronges... ainsi que des vesses de loup !

C'est ainsi qu'un couple originaire d'Alban a pu prélever à la limite du département (juste chez nos voisins du Sud Aveyron) une énorme vesse de loup.

d'après photo DDM

« Au début j'ai cru qu'il s'agissait d'une grosse pierre à sel que lèchent les animaux pour l'équilibre de leur nourriture » explique monsieur qui, en allant voir de plus près, se rendit compte de sa méprise. « La vesse de loup est un champignon comestible dès lors qu'il est récolté frais » leur assura le pharmacien albanais.

Frite et panée, cette grosse sphère de 3 kg 650 à l'aspect de météorite devrait agrémenter leurs repas pendant plusieurs jours...

Mais attention : il semble que la fin de cette extraordinaire poussée soit proche ! Mieux vaut donc se dépêcher d'arpenter les sous-bois pour essayer de glaner les derniers kilos de champignons... avant que les limaces ne s'en régalent.

Il se raconte même que certains auraient retardé leur départ en vacances pour profiter de cette manne...

SUR LES MARCHES, LES PRIX VARIENT DU SIMPLE AU DOUBLE

A Villefranche-de-Périgord (Dordogne), capitale du cèpe, le prix moyen tourne à 15€ le kilo.

Qu'en est-il des prix de ce même kilo de cèpes sur les différents marchés de Midi-Pyrénées ? Voici quelques indications recueillies le 3 août dans la région :

Saint-Sulpice (Tarn) > 10€ Cahors (Lot) > 12 à 15€ Agen (Lot-et-Garonne) > 15€ Foix (Ariège) > 15€ Montauban (Tarn-et-Garonne) > 20€ Tarbes (Hautes-Pyrénées) > 25 à 28€ Toulouse (Haute-Garonne) > 29 à 32€

Le 8 août, le kilo de cèpes variait de 12 à 20€ à Giroussens.

d'après photo DDM / Xavier de Fenoyl

QUELQUES CONSEILS POUR LA CUEILLETTE

Evitez de ratisser ou de piétiner le sol : cela détruit le mycélium (partie végétative du champignon) et empêche sa reproduction.

Surtout : rien ne ressemble plus à un cèpe... qu'un "faux cèpe", encore plus aux yeux du néophyte ! On ne s'improvise pas ramasseur de champignon - et encore moins mycologue - du jour au lendemain. Soyez donc très vigilants quant aux espèces que vous ramassez. En effet, on constate ces derniers jours une augmentation des intoxications alimentaires liées à la consommation de champignons vénéneux (bolets de satan notamment). Pour rappel et pour faire simple, afin de s'assurer qu'un bolet est comestible, il convient de regarder la couleur de son pied : le cèpe comestible a un pied de couleur blanche, tandis que les espèces vénéneuses ont un pied de couleur jaune ou rouge. On peut également couper un morceau de la tête, afin de s'assurer qu'il ne bleuit pas dans les secondes qui suivent (NB : à distinguer du bolet dit "bleuissant" qui, contrairement à ce qui a pu être écrit ici ou là, est comestible...)

Sans avoir forcément de conséquences graves, l'ingestion de champignons impropres à la consommation peut provoquer maux de ventre, diarrhées et vomissements, comme en témoigne un médecin aux urgences de Cahors : « C’est la frénésie des champignons ! Les gens ramassent tout ce qu'ils trouvent. Cette nuit, on a eu aux urgences une famille entière de cinq personnes qui vomissaient toutes les deux minutes ».

Prudence, donc, quand on sait que l'on déplore chaque année en France près d'un millier d'intoxications dues aux champignons. Il est donc vivement conseillé de ne consommer que les spécimens que vous avez formellement identifiés. En cas de doute, n'hésitez pas à vous renseigner auprès de votre pharmacien. Et si malgré tout les symptômes apparaissent, alertez au plus vite le 15 : le SAMU transférera l'appel au Centre antipoison le plus proche

(d'après les articles et photos publiés le 4, le 6, le 9 août et le 12 août 2011 sur ladepeche.fr.)